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HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA MESSE DE CLOTURE DE LA 110ème ASSEMBLEE PLENIERE DE LA CECCI

Paroisse Saint Jean Paul II
Abidjan le 27 mai 2018

Chant : Il me soutient, Il est mon rempart, Il conduira toujours mes pas, ma vie est en Jésus, je sais qu’en Lui je suis victorieux. (Bis) L’orage viendra, le vent soufflera, les soucis m’accableront, toujours Il me soutient, toujours Il combattra, Jésus est présent, je ne crains rien, ma vie est en Jésus, je sais qu’en Lui je suis victorieux (Bis).

Excellence Mgr Joseph SPITERI Nonce Apostolique,
Excellence Mgr Ignace DOGBO BESSI Président de la CECCI,
Excellences, chers confrères dans l’épiscopat,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Honorables invités,
Chers frères et sœurs en Christ,

 

A l’occasion de la célébration de cette messe qui marque la clôture de la 110ème assemblée plénière de la Conférence des Evêques catholiques de Côte d’Ivoire, ce sont les paroles de ce chant qui me sont venues à l’esprit, paroles qui rejoignent dans une certaine mesure, la finale de l’évangile selon Saint Matthieu que nous venons d’entendre et je cite : ‘‘… Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.’’

C’est l’assurance de cette présence jamais prise à défaut, présence qui vivifie et réchauffe, présence qui appelle à continuer le chemin malgré les difficultés inhérentes à toute vie; c’est cette présence qui fonde notre espérance malgré les vents contraires qui pourraient s’abattre sur la barque de notre Église  en Côte d’Ivoire ! Oui, l’orage viendra et peut-être est-il déjà là, sur nos têtes ; oui, le vent peut souffler dans toutes les directions et de toutes ses forces ; oui les soucis peuvent nous accabler mais, avec le Christ présent dans la barque de son Église qui est en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs dans le monde, nous ne nous laisserons jamais troubler par aucune mauvaise nouvelle proche ou lointaine, d’où qu’elle vienne, quelle qu’elle soit, car Christ est vraiment avec nous ! N’ayons pas peur !

Chant : Christ est avec moi, je n’ai plus peur, Christ est avec moi, je n’aurai plus peur (Bis) Il est là, près de moi, tous les jours Il est avec moi (Bis).

Frères et sœurs,

Ce jour est un jour spécial pour notre Église de Côte d’Ivoire. En effet, ce sont trois événements aussi importants les uns que les autres, que nous allons célébrer en une seule et même Eucharistie : d’abord, à l’instar de l’Eglise universelle, nous célébrons la solennité de la Sainte Trinité, fête du Dieu Amour qui nous invite à recevoir son amour généreux, à y répondre et à le partager.

Ensuite, nous prierons pour toutes les mères dont c’est la fête en ce jour. En parlant de mères, je fais ici allusion à celles à qui Dieu a fait la grâce de l’enfantement, à celles qui le sont devenues par l’amour qu’elles ont offert à un être humain, à toutes celles dont la progéniture déchire le cœur, sans oublier de demander à Dieu de pencher son regard de miséricorde sur toutes les femmes qui sont en attente de cet heureux événement que celui de porter un enfant dans leur sein.

 Enfin, le troisième événement, c’est la clôture de la 110ème assemblée plénière des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, laquelle assemblée s’est tenue ‘‘dans un contexte particulier de la vie de notre Église bien aimée, dont les nouvelles sont tout à la fois joyeuses, alarmantes et préoccupantes’’, pour reprendre les mots du Président de notre Conférence Mgr Ignace Bessy.

Pour mémoire, il avait bien planté le décor de la situation de notre Église lors de la messe d’ouverture en parlant de situation ‘‘absconse de par son caractère difficile à comprendre et qui appelle de notre part calme, sérénité, humilité, mais aussi lucidité et engagement en vue d’un renouvellement plus dynamique encore, au cœur d’une société, où la place de l’Evangile porté par l’Eglise ne saurait lui être ravie quoiqu’il arrive !’’ Fin de citation.

Frères et sœurs,

De même qu’il est de la nature de la lumière d’éclairer et du sel de donner du goût, de même, notre Église catholique en Côte d’Ivoire doit pouvoir jouer le rôle que Dieu lui confie et que les hommes et les femmes de ce temps attendent d’elle. Face aux nombreux défis actuels qu’elle connaît, il me plaît de reprendre les propos encore d’actualité du Pape Emérite Benoît XVI : ‘‘nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et que la lumière soit tenue cachée (Cf. Mt 5, 13-16). Comme la samaritaine, l’homme d’aujourd’hui peut aussi sentir de nouveau le besoin de se rendre au puits pour écouter Jésus qui invite à croire en lui et à puiser à la source jaillissante d’eau vive (Cf. Jn 4, 14).’’ (Benoît XVI, Porta Fidei, n° 3)

Cette eau vive et cette source jaillissante, c’est celle qui redonne à tout homme sa place dans la société et dont l’Eglise doit être le garant. Si le devoir de porter l’évangile ne saurait être ravi à notre Église, il nous faut prendre conscience et comprendre dès à présent, comme dit le Pape François que, ‘‘la vie chrétienne est un combat permanent… Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres dépourvus d’engagement et sans joie. Ce combat ne se réduit pas non plus à une lutte contre sa propre fragilité et contre ses propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal.’’ (Cf. Gaudete et Exsultate Ch 5, § 159)

Le plus grand défi de notre Église, c’est donc de mener à bien le combat permanent contre le mal, et si nous voulons y arriver, je crois qu’il nous faut vivre d’un dynamisme nouveau et être davantage vigilants.

1-   Tous appelé à vivre un dynamisme nouveau.

Frères et sœurs,

Dans la deuxième lecture de ce jour, Saint Paul qui vient de montrer en quoi consiste la vie chrétienne, résume maintenant son enseignement en montrant comment les croyants, soulevés par l’Esprit, deviennent fils de Dieu, reconnu comme Père : ils sont saisis dans le mouvement de la vie divine, échappent ainsi à la crainte qui les tenaient encore à distance de Dieu et découvrent ce qu’est la vraie liberté de l’amour. C’est là le résultat de leur participation à la Pâque du Christ. Désormais, ils peuvent vivre du dynamisme même de Dieu. Nous aussi, après avoir célébré dimanche dernier la descente de l’Esprit Saint, je pense humblement que nous sommes plus que jamais mieux outillés pour vivre, chacun selon sa vocation propre, sa marche à la suite du Christ.

Ce dynamisme nouveau que j’appelle de tous mes vœux, c’est celui qui nous permettra désormais d’appréhender les problèmes qui se présentent à notre Eglise comme autant de défis à relever dans une vigilance des plus accrues. En parlant de vigilance, il s’agit pour chacun de nous ici de ne plus accepter de se laisser berner par les diseurs de bonne aventure, de refuser de se laisser aller au découragement dès que surgissent les premières épreuves de la vie mais surtout, de nous rendre solidaires les uns des autres.

 En effet, dans un monde où l’individualisme se fait de plus en plus grand, où l’on est tenté de tomber dans l’autosatisfaction en considérant uniquement sa personne individuelle, ses efforts personnels en ignorant les autres, les chrétiens que nous sommes devrons opposer à ce monde l’image et le modèle de la Sainte Trinité que nous célébrons : un Dieu unique qui se révèle en trois personnes tellement unies dans un même amour, sans rivalité aucune ! Il est donc important pour nous aujourd’hui de comprendre et de réagir désormais en une Eglise-famille-de-Dieu dont les membres se sentent réellement solidaires les uns des autres.

Le Concile Vatican II ne dit pas autre chose dans sa Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps quand il affirme que ‘‘les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de véritablement humain qui ne trouve écho dans leurs cœurs ». Vivre ainsi, tel est là le témoignage que le monde attend de nous, disciples du Christ : une vie faite de charité et de proximité avec nos frères et sœurs.

Par ailleurs, vous savez certainement que tout le monde est touché par des tentations multiples : celle d’abuser de son pouvoir, de briller et d’être considéré, de goûter la joie narcissique et infantile de dominer, d’user de son pouvoir pour séduire, s’enrichir, se servir et asservir les autres. Aujourd’hui plus qu’hier, nos actes de chrétiens, sont-ils conformes à notre foi ? Nos cœurs sont-ils suffisamment ouverts à une authentique compassion ? Avons-nous conscience que nous sommes tous ensemble ‘‘héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire’’ comme il est écrit dans la deuxième lecture de ce jour ?

Ce dynamisme nouveau que je souhaite pour notre Église, c’est aussi accepter de marcher à contre-courant de certaines valeurs de ce monde. Je sais que cela n’est pas toujours facile, mais les croyants que nous sommes, doivent malgré tout, persévérer dans la foi, faire confiance à l’Esprit Saint et annoncer sans crainte la Bonne Nouvelle. Je nous invite tous donc à être des porteurs d’espérance, annonciateurs d’une ère nouvelle malgré les signes des temps ! C’est là notre responsabilité commune dans le monde d’aujourd’hui.

2-   Promouvoir le bien commun tout en respectant la personne humaine.

Frères et sœurs,

 Cette responsabilité commune, c’est celle qui consiste à promouvoir le bien commun (au lieu de ne chercher que son intérêt), à respecter la personne humaine même si tous les hommes n’ont pas les mêmes capacités et à dépasser une éthique individualiste. Cette responsabilité découle d’une part de l’Ascension de notre Seigneur Jésus au ciel qui inaugure le temps de la mission et de la responsabilité pour les disciples. La disparition du Christ en effet, est une grâce qui leur permet de donner la pleine mesure de leur amour pour Lui. Cette responsabilité, c’est celle qui découle d’autre part, de l’ordre adressé par le Christ dans l’évangile de ce jour : ‘‘Allez ! De toutes les nations faites des disciples…’’

Dès lors, le Christ absent, le monde devient pour les disciples, pour ceux d’hier comme pour ceux d’aujourd’hui, cet immense chantier où l’amour de Dieu doit être vécu et communiqué, non plus uniquement par les pasteurs mais bien par tout le peuple de Dieu. En effet, le Christ parti, c’est aux disciples, c’est à nous tous qu’il appartient désormais, de le rendre présent à nos frères et sœurs, de faire en sorte que la Parole que nous avons entendue et accueillie parvienne ‘‘jusqu’aux extrémités du monde’’.

Mais, comprenons-nous bien : le Christ ne nous commande pas de faire des ‘‘adeptes’’, des suiveurs, des personnes dont la foi disparaît comme du vernis qui a mal adhéré à la matière, mais bien des ‘‘disciples’’, c’est-à-dire de permettre à d’autres de rencontrer Jésus-Christ comme nous-mêmes l’avons rencontré ! Dans cette aventure, il nous faut faire confiance au Christ : Lui seul est capable de donner, par l’Esprit Saint, la force de s’arracher aux doutes et aux habitudes ; Lui seul est capable de donner le souffle qui permet de crier la Bonne Nouvelle à temps et à contretemps. Oui, il y a urgence à promouvoir un nouveau type de chrétien dont les paroles et les actes traduisent sa foi.

Je reste convaincu que si nous savons puiser profond dans la confiance en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, eux-mêmes sauront faire en sorte que les impasses de nos vies deviennent des chemins porteurs de vie et de lendemains meilleurs pour tous.

Faire en sorte que les impasses deviennent des chemins porteurs de vie et de lendemains meilleurs pour tous, telle est la mission que je veux confier bien volontiers à toutes les femmes, nos mères, vos épouses, nos sœurs et nos filles à l’occasion de la fête des mères que nous célébrons en ce jour !

3-   Femmes, aidez notre Église, aidez notre humanité à ne pas déchoir !

Chères sœurs, chères mères, chères filles,

Je voudrais reprendre à votre endroit, en partie, le message toujours actuel du Concile Vatican II : ‘‘l’Eglise est fière, vous le savez, d’avoir magnifié et libéré la femme, d’avoir fait resplendir aux cours des siècles, dans la diversité des caractères, son égalité foncière avec l’homme. Mais l’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici.

C’est pourquoi, en ce moment où l’humanité connaît une si profonde mutation, les femmes imprégnées de l’esprit de l’Evangile peuvent tant pour aider l’humanité à ne pas déchoir… Vous êtes présentes au mystère de la vie qui commence… Réconciliez les hommes avec la vie…et surtout veillez, nous vous en supplions, sur l’avenir de notre espèce. Retenez la main de l’homme qui, dans un moment de folie, tenterait de détruire la civilisation humaine…

Femmes dans l’épreuve, qui vous tenez toutes droites sous la croix, à l’image de Marie, vous qui, si souvent dans l’histoire, avez donné aux hommes la force de lutter jusqu’au bout, de témoigner jusqu’au martyre, aidez-les encore une fois à garder l’audace des grandes entreprises en même temps que la patience et le sens des humbles commencements… Femmes, à vous de sauver la paix du monde !’’ Et comme dit l’adage populaire, ce que femme veut, Dieu veut ! En ce jour de fête pour vous, je prie pour que vous nous offriez l’Eglise que Dieu veut pour notre pays !’’ (Cf. Lumen Gentium n°8)

4-   N’ayez donc pas peur ! Avançons dans l’espérance!

Frères et sœurs,

Comme je le disais au début de mon homélie, notre assemblée plénière s’est tenue dans un contexte particulier de la vie de notre Église bien aimée, dont les nouvelles sont tout à la fois joyeuses, alarmantes et préoccupantes. Mais il ne faut pas pour autant désespérer de cette Église. Comme l’affirme le Concile dans sa Constitution dogmatique sur l’Eglise, ‘‘la vertu du Seigneur ressuscité est (la force de l’Eglise) pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans’’.

N’ayez donc pas peur ! Avançons dans l’espérance, car l’Esprit de Jésus travaille déjà le monde et continue son œuvre de transformation pour le façonner dans l’amour et l’unité. Entrons dans l’espérance, laissons de côté la peur de l’avenir, de nos profondes faiblesses, de nos vulnérabilités, de nos fragilités liées à notre condition mortelle ! Oui, entrons dans l’espérance, car le Christ vient par sa grâce au-devant de notre désir de le rencontrer à chaque célébration de l’Eucharistie, Lui qui nous relève de nos chutes, Lui qui combat pour nous dans nos luttes afin que nous puissions lutter pour sa gloire, Lui notre bouclier, notre victoire.

Bonne fête à toutes les mères!

Bonne fête à toutes les femmes! Bonne fête à tous!

Chant : ‘‘Qui me relève, de mes chutes, c’est Jésus-Christ. Qui combat pour moi, dans mes luttes, c’est Jésus-Christ. Jésus a parlé, je veux croire, que je puisse lutter, pour sa gloire, car mon bouclier, ma victoire, c’est Jésus-Christ !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque Métropolitain d’Abidjan